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Laurent Nicolas, artiste sculpteur

Le soleil brille en banlieue parisienne lorsque l’on passe le portail qui mène chez Laurent Nicolas. Si le fond sonore des travaux voisins ne perturbait pas l’atmosphère paisible de sa maison, on pourrait presque se croire ailleurs. En Finlande par exemple où l’artiste possède une résidence et d’où sont originaires son mari et la moitié de sa famille. Sur la table, des roulés à la cannelle sortent du four et le café fume. Lieu de vie et atelier, cette maison décorée avec goût possède un jardin dans lequel se trouve une annexe vitrée. C’est ici que Laurent Nicolas consacre ses journées à son art. Après une longue carrière au sein de la maison Louis Vuitton, à dessiner des sacs pour les collections femmes notamment, voilà bientôt deux ans que le Parisien a fait le choix de se mettre au service de sa création personnelle à 100%. «Cette expérience professionnelle m’a permis de me sensibiliser au cuir et de rencontrer de nombreux artisans qui travaillent ce matériau, le métal, le bois…», explique l’artiste. 

Cet élan artistique marque comme un retour aux sources pour ce touche-à-tout qui a suivi un cursus sur la céramique à l’Ensaama Olivier de Serres à Paris avant d’étudier dans la section mode et environnement de l’école Duperré. Les prémices de cette activité se sont déroulés en Finlande, il y a une dizaine d’années maintenant : «J’ai commencé dans la forêt, aussi bien en été et en hiver. J’utilisais la neige, de la terre et de la corde aussi». Avec la céramique, Laurent Nicolas a voulu explorer son appétence pour la création de façon plus libre et instinctive : « j’ai oublié la partie théorique et je suis reparti de zéro», raconte l’artiste. D’abord durant son temps libre, le soir en rentrant du travail, le week-end et pendant les vacances, le Parisien façonne de façon spontanée ces éléments anciens que sont la corde et la céramique. «La corde est une sorte de métaphore, c’est le lien, la connexion entre les individus, les époques, que j’utilise concrètement» justifie-t-il. La plupart du temps, Laurent Nicolas part de blocs de terre qu’il tape pour enlever l’air à l’intérieur. «Je la déforme presque les yeux fermés parce que je ne veux pas anticiper une esthétique terminée», explique t-il.

Un exercice qui est plus physique qu’il n’y paraît et qui s’étire sur plusieurs mois entre la fabrication, le temps du séchage de trois semaines, le processus de l’émail et la cuisson qui prend une semaine supplémentaire… «Je travaille avec une seule corde qui peut aller de 30 à 90 mètres. Pour faire le premier nœud, il faut passer les 90 mètres moins la taille d’un nœud, et ainsi de suite », raconte l’artiste. Pour se détendre et faire évoluer ses créations, le Parisien dessine. C’est de cette façon qu’est arrivé le textile dans ses œuvres par exemple, une façon d’apporter un élément souple à des créations rigides. Un écho à ses années d’étudiant lorsqu’il concevait des meubles à partir de matières « élastiques » comme le papier-à-bulle, le papier, le feutre. C’est également en développant sa réflexion que sont apparus les Contextes, les socle qui représentent un troisième élément. «J’ai besoin de mettre mes pièces en scène, donc je crée des supports en bois, en céramique, en papier, en métal, etc. pour enrichir le débat autour de ses connexions», avance l’artiste. Si ces oeuvres synthétisent parfaitement la carrière à la fibre artistique de Laurent Nicolas, elles ne représentent qu’une partie de son répertoire qui se compose également de pièces comme les annuaires aux pages noircies qu’il appelle les objets communicants ou encore les Trans-sites, des empreintes d’encadrement de portes et de fenêtre. 

Photos : Karel Balas


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