Josefin Tolstoy, l'artiste autodidacte
En Suède, depuis son studio au sous-sol de sa maison, Josefin Tolstoy peint des tableaux inspirés des fragments de vie qui l’entourent : les femmes, les couleurs, la lumière, les textures. Rencontre avec celle qui ne se considérait pas comme une artiste.
“Je peins depuis toujours, ma mère m’a donné toutes les toiles et tous les pinceaux dont j’avais besoin”, dévoile Josefin. Ayant grandi dans un foyer sensible à l’art, elle en a même fait son métier. “Travailler dans le secteur de la création m’a suffi pendant de nombreuses années. Mais soudain, cette envie de m’exprimer est revenue. Je voulais être créative sans avoir à résoudre les problèmes d’un client et sans que personne ne me juge. J’ai retrouvé mes vieux pinceaux et une toile. C’était en 2018, et depuis, je peins sans arrêt.”
Josefin Tolstoy est une autodidacte. Elle aime s’imprégner des jeux de lumière, observer les couleurs, les visages, les textures. Et pour la technique ? “J’ai participé à une exposition où les artistes étaient censés interpréter le mot Bravoure. Je savais que je voulais travailler avec des formes abstraites et les rendre encore plus audacieuses. J’ai donc expérimenté un peu, et comme j’ai vraiment aimé travailler avec ces pièces, j’ai continué à le faire. ” La peinture utilisée, si épaisse que la toile nécessite d’être posée au sol, revêt alors soudain un goût de légèreté.
Sensible à son environnement, l’artiste a le souhait de transmettre des émotions à travers ses toiles. Elle s’amuse des couleurs, des formes et des techniques. Si elle esquisse pour chaque toile l’idée qu’elle a en tête, elle se laisse guider par la peinture qui prend vie. Un travail intuitif qui demande du temps et de la patience pour se libérer des frustrations qu’inflige le travail manuel. “J’ai souvent une idée si je veux faire une peinture figurative ou abstraite, mais en particulier, je dois décider si je travaille avec la texture ou non, car le processus est différent. C’est ainsi que je travaille, et la plupart du temps, les choses se mettent en place à la fin. ” affirme-t-elle.
Admiratrice de l’art contemporain et de l’art moderne, Josefin Tolstoy est une grande
admiratrice de Frida Kahlo, son idole d’enfance, et de Picasso. Elle se souvient de l’émotion qui l’a parcourue en voyant son travail en direct : un mélange de sourires et de pleurs. La perfection. Elle cite aussi Hilma de Klint, et souligne qu’il y a tout un tas de talentueux artistes contemporains, comme Hector Frank Heredia.
En tant que graphiste, adepte de design et de décoration intérieure, Josefin Tolstoy a un attrait particulier pour les combinaisons de couleurs ainsi que les belles formes, que l’on retrouve sur ses toiles comme une signature. Son œil curieux cherche l’inspiration sans cesse. Elle confie : “ Je me sens parfois dépassée par le fait que toutes mes idées veulent sortir en même temps, et j’ai donc aussi du mal à m’en tenir à un seul « style » et à le perfectionner. J’ai toujours besoin de me réorienter, car il y a tant d’images dans ma tête qui attendent de sortir.”
Par excès d’humilité ou par besoin de temps pour l’assimiler, Josefin a eu du mal à se qualifier d’artiste, révélant que ce n’était pas l’objectif de sa démarche. Pourtant, comme chaque artiste qui se respecte, la peintre a ses propres muses : les femmes. Fascinée par la complexité de ce qu’elles représentent dans la société et animée par cet élan de sororité, elle raconte :“Je peins surtout des femmes. Je veux qu’elles soient vraies, chaleureuses et réconfortantes. Elles ne sont personne, mais en même temps, elles sont à la fois moi-même et toutes les femmes sur cette terre. Pour moi, mes peintures de la série « Sœurs à la même table » parlent de cela. Faire briller ma lumière sur les femmes et leur force, leur amour et leur persévérance.”
Toujours en quête de nouvelles textures “courageuses mais non parfaites”, agissant par intuition, elle découvre que son travail touche un public : “J’ai commencé à remarquer que certaines personnes trouvaient également une valeur pour elles-mêmes dans mon travail. ” Au gré de son évolution dans le monde des artistes, Josefin Tolstoy a trouvé sa mission, sa récompense.
Texte : Luisa Lorito Paravisini, Photo : Åsa Liffner